NOCTURNE AU MUSEE

Nouvelles pratiques festives chez la jeunesse lagunaire

À votre droite un imposant crâne d’éléphant, le plus gros des mammifères terrestres. À votre gauche le buste de Félix Houphouët-Boigny, le plus grand bâtisseur de la nation. Face à vous, l’un des héros du monde moderne: le DJ. Vous êtes dans la salle de l’Ubris et vous avez bien fait de prendre l’audio guide. Réglez-le sur 6000 watts.

Avant de poursuivre la visite, nous vous invitons à lire attentivement le règlement intérieur. Le parcours prendra fin à 4h du matin.

Amoureux de la culture, vous voici invités à une fête au musée. Oui, au musée. Rassurez vous la direction n’a pas complètement perdu la raison : une partie des œuvres a déjà été mise à l’abri. Adieux masques Baoulé et statuettes Sénoufo... mais séchez vos larmes : les vitrines ne vont pas rester vides très longtemps.

Peintures ratées, objets achetés, recyclés, trouvés, cadeaux d'un obscure oncle : les présentoirs et les vitrines sont à vous et c’est vous qui allez les remplir. Ce n’est pas une plaisanterie. Il est temps pour les vieux bouts de bois de trinquer avec les fétiches industriels, en l’honneur de votre génie en plastique.

"Le jeu aussi a son "terrain", qui est un lieu magique. Quel lieu saugrenu et bizarre et inutile, quel lieu enchanté que le lieu appelé musée. Les Halles centrales servent au ravitaillement, les gares, aux départs et aux arrivées, les hôpitaux, à soigner les malades, les écoles, à élever les enfants : seul le musée, bien isolé au sein de la vie sérieuse comme un poème au sein de la quotidienneté prosaïque, semble ne servir à rien. [...]."

Vladimir Jankélévitch. L'aventure, l'ennui, le sérieux.