L’endroit n’est pas vraiment prévu pour ça, alors on doit d’abord ramener un groupe
électrogène et une boule à facettes. On installe ensuite pas mal de lumières, que l’on
préférera finalement laisser éteintes. Il y a derrière le bar des amis et des gobelets en plastique.
Ubris veut dire démesure. Ce sont des soirées prétentieuses. Et vides.
On y valse dans des tenues magnifiques. On s’y promet l’éternité sans y croire.
La musique y est toujours plus sombre, le jeu plus ouvert. Chacun est venu voir l'autre d'un peu plus près.
Ubris est une machine à broyer du mythe. Une mécanique qui ment, qui joue, qui court à sa perte et
qui pourtant résout, le temps d’une nuit, les grands problèmes de l’humanité.
« J'imagine de grandes fêtes, frivoles et délicates, des bergeries où les vraies bergères seraient toutes des reines. »
La Fête, Roger Vailland, 1960.
Ubris n'invente rien. Ubris déterre ce qui est déjà là.
Ubris profane avec respect.
A la recherche d'un espace entre Dieu et les hommes.
Pour éviter les problèmes d'argent Ubris bat sa propre monnaie.
Ubris démagnétise les riches et joue sa fortune au Poker.
Ce faisant, Ubris permet aux gens humbles, d’être,
le temps d’une nuit, outrageusement ambitieux.
Ubris se niche au cœur de forêts sacrées.
Sous protection militaire (Ubris nourrit une fascination pour les armes).
Ubris emmène loin et parfois fait peur.
Ubris est une expérience sensible.
Ubris envoie des limousines aux aides ménagères.
Ubris réunit mécaniciens et capitaines d'industrie.
Les pannes électriques y sont fréquentes.
Et l'obscurité est propice aux rencontres.
Ubris se compromet, corrompt pour parvenir à ses fins.
Ubris flatte, abuse de la confiance qu'on lui accorde.
Ubris viole ses propres règles.
Son terreau politique est l'interrègne.
Ubris ment sincèrement.
Ubris n'est que forme. Cette forme est l'oxymore.
Ubris est une imposture.
Ubris survole et laisse à d'autres le soin d'approfondir.
Ubris Event, Abidjan - Paris - São Paulo